François Lipp
SAINT-FRONT OU LES ESTABLES EN HAUTE-LOIRE (MAI 2016)
1.343 mètres. Perchés au pied du Mont Gerbier de Jonc, qui lui est en Ardèche, nous séjournons à 7 à l’Ascension 2016 près de Saint Front aux Estables, Saint Front où a lieu le rassemblement national annuel des « Amis du Randonneur » auxquels nous adhérons.
1729, c’est la date de naissance du gîte. Des murs énormes en épaisseur, un toit de lauzes, c’est la même date que la chapelle flamande dans notre Nord lointain, du côté des bois de Bellegem, au Geitenberg, mais la hauteur n’est pas la même : 53 mètres ! On y domine pourtant tous les alentours, mieux qu’aux Estables. Mais les vents soufflants au Geitenberg sont moins violents que lorsqu’on arrive aux « Infruits » venant de Saint Front. Arqueboutés sur nos guidons, sur la pente au milieu des grands espaces couverts de jonquilles, les deux vieilles maisons aux toits de chaume nous regardent poser le pied, les furieuses bourrasques de vent ont remplacé celles de neige de l’avant-veille qui avaient recouvert le village et installé le silence.
Et donc, la neige ayant apparemment disparu, deux compères, Christophe et Valère, s’envolent vers les hauteurs, bien habillés certes, mais un peu téméraires, pour aller pique-niquer à 1 560 mètres à la Croix Peccata, plongeant leurs bottillons dans les congères, forçant la nature à les laisser passer, trouvant heureusement une auberge, avant de revenir nous montrer des pieds glacés (c’est par les pieds, comme les baudets…) mais contents de leur aventure à la quête du Graal.
Le seul jour à rouler sans vent, c’est l’après-midi après l’assemblée générale du jeudi à Saint Front (1 200 mètres), pas vraiment chaud, mais du soleil. Valère et Christophe suivent le grand parcours par Saint Julien Chapteuil et Queyrières. Didier, le maître cuistot, accompagne Dominique et Danièle pour remonter aux Estables, avec des côtes sévères par endroits. Pierre et moi, nous coupons avant Saint Julien après une descente très plaisante en haut de laquelle auparavant, au hameau de Bigorre, nous avons pu admirer des maisons-musées très anciennes aux toits de chaume. Agréable arrêt pique-nique au bord d’une rivière ; nous repartons sur Montusclat par une route étroite bourrée de côtes, village du Velay, refuge de Huguenots, avec son église, romane par son abside. Après Montusclat, passé le petit pont, terrible grimpée à 18 %. Au faît de la pente, nous arrive en compagnie de quelques randonneurs un petit homme tout mince, tout léger, qu’on a déjà vu dans d’autres rencontres, c’est Gégé, la côte à 18 % il l’a montée au 40 x 23 ! Hups, et moi qui suis à pied… Mais « les hauts » c’est bien, on s’arrête, on se salue, on discute, on récupère des impressions. Au loin, en arrière on aperçoit la descente de Boussoulet, d’où viendront sous peu Valère et Christophe. Beaux paysages de Haute-Loire.
Le lendemain on a dû faire demi-tour, les vents d’est très très forts nous ont fait croire que tout allait bien quand ils étaient dans le dos…
Une autre fois, en contrebas de la ville du Puy (que nous avons sillonnée à pied) en fouillant les cartes je trouve enfin une partie de topographie à peu près plate. Tout le monde à vélo, laissons la voiture à Saint Christophe sur Dolaison, au pied d’une église romane. Nous roulons sous le soleil sur des belles routes étroites et sinueuses, le long du Mont du Devès, en passant par Ramourouscle (!) pour ne pas citer ce nom curieux… Nous finissons en étant sûrs de boire un bon café. Que nenni, le café assez sombre est « un bistrot où le patron s’appelle Julot » qui nous sert un jus de turlututu avec en plus un fond de bouteille de lait tourné. Pas très enthousiaste le Julot du Tord-boyau, en quel animal d’une fable de La Fontaine pourrait-on le représenter ?
Et pour finir, les deux rescapés de la Croix Peccata se sont faits une belle randonnée en descendant de l’autre côté, en Ardèche, là où il fait meilleur, sans vent, mais il leur a fallu pour cela grimper jusqu’au pied du Gerbier de Jonc en affrontant un vent terrible dans la montée en Haute-Loire. Mais après ? Une descente superbe sur le petit lac et le village de Saint Martial, contourner le Mézenc, se hisser à la Croix de Boutières, redescendre aux Estables, où l’on trouve de la viande de Fin Gras de février à juin, viande d’exception, et du saucisson excellent.
François Lipp
LA GRANDE RANDONNÉE D’OCTOBRE 2015
Le château des comtes à Mouscron laissé de côté, nos montures à deux roues seulement nous hissent sur le bois Fichaux mis sens dessus dessous par des travaux. Mais, les maisons de luxe, elles sont bien dessus !
Patrick est aux manettes, fin connaisseur des sentiers alentours. Les trainées de brouillard nous accompagnent sur les hauteurs de la route de la Forge où trône un monument élégant à tête d’oiseau stylisé. C’est le mémorial d'Aalbeke, érigé en mémoire des travailleurs frontaliers de la Flandre-Occidentale qui venaient travailler (à l'époque) dans les usines textiles de la métropole lilloise.
Les routes étroites où n’osent pas passer les voitures, après avoir traversé dans un décor végétal, la voie ferrée de Wevelgem nous conduisent dans le parc autour de l’église de Dadizele.
Certains en profitent pour aller chercher subsistance à la boulangerie flamande en face.
Les chrysanthèmes au-delà de Dadizele vers Ter Hand sont extrêmement fleuries, bien avant le jour des morts et Valère s’inquiète.
Près de Beselaere, les pentes dominent un paysage lointain aux clochers pointus. Nous formons un groupe de 14 normal nous allons vers un haut lieu de la grande guerre ! Boueux et horriblement sanglant.
Dans ce groupe de randonneurs deux féminines Isabelle et Dominique. Sur la vaste place de Passendale aux briques de sable, le Saint Joris nous propose des bières nombreuses et excellentes et cette dame qui nous sert est très sympathique.
À chacun son picotin pour reprendre des forces tirées des sacoches. L’Église a une nef néo-romane aux arcatures très hautes en deux couleurs de pierre ce qui lui donne un tout petit air de Vézelay. Détruite évidemment lors des terribles combats avec les Anglais et les chars alliés s’enliseront, trois mois de bataille en 1917 et cinq cent mille morts ! Des vitraux au fond à gauche sont agréables à regarder avec un St Georges, pied sur le dragon.
À l’écart de la ville au sud, le TYNE COT est le plus grand cimetière militaire du Commonwealth, au monde, sur une crête de 60 mètres dixit Christophe notre conservateur du site, célèbre gigantesque nécropole anglaise aux 11.956 tombes, très fréquentée par les Anglais. Un centre d’accueil jouxte cet endroit émouvant. Des photos de chaque soldat défilent sur un écran.
Le retour avec le beau temps se fait par Menen dans de savantes circonvolutions travaillées par les Nottebaert brothers pour aboutir sur les anciens remparts de la cité allez savoir comment !